Santé psychique : mieux comprendre la souffrance des adolescents

A l’adolescence, les jeunes vivent une transition dans divers aspects de leur vie : physique, psychologique, social. C’est une période délicate qui peut exposer nos enfants à une certaine souffrance psychique.

Selon l’Organisation mondiale de la santé “La moitié des problèmes de santé mentale commencent avant l’âge de 14 ans, mais dans la plupart des cas ils ne sont ni détectés, ni traités. »

Or, les problèmes de santé mentale rendent les adolescents vulnérables à l’exclusion sociale, à la discrimination, aux difficultés scolaires, aux comportements à risque et aux problèmes de santé physique.

D’après l’enquête EnCLASS (1), seulement 59% des collégiens et 51% des lycéens présentent un bon niveau de bien-être mental. Cela signifie qu’à l’inverse, environ 45% des jeunes en enseignement secondaire ont un niveau de bien-être mental dégradé. Comment cela se manifeste-t-il ? Quels sont les problèmes les plus fréquents ?

Nombre d’ados se plaignent de soucis psychologiques et somatiques récurrents. Ils ressentent notamment des difficultés à s’endormir et ont un sommeil perturbé. En outre, ils disent se sentir nerveux, voire irritables. Ils se plaignent aussi fréquemment de mal de dos.

L’anxiété est un processus normal d’anticipation qui vise au départ à se protéger. Cependant, l’anxiété est problématique lorsqu’elle devient envahissante et ne peut être contrôlée. Trop d’anxiété parasite le quotidien. Cela affecte la structure psychologique de l’adolescent : sa confiance en soi, son estime de soi. Cela peut aussi le limiter dans ses capacités d’action et de développement. Les manifestations d’inquiétude excessive peuvent être mises sur le même plan et donner des conséquences similaires.

Enfin, les crises d’angoisse ou attaques de panique sont des manifestations violentes qui interviennent de façon soudaine, parfois même sans élément déclencheur identifié. Elles mettent le jeune dans un état de crainte intense associée à des effets physiques (palpitations, difficulté à respirer, douleur violente) qui l’empêchent d’agir normalement et de vivre certaines situations comme des examens ou des épreuves orales.

14 % des collégiens et 15 % des lycéens présentent un risque important de dépression (1).

Parmi les signes de dépression rencontrés chez les adolescents, figurent : 

• le manque d’énergie (ralentissement psychomoteur), 

• le découragement, souvent associé à une certaine dévalorisation, 

• la difficulté à réfléchir (ralentissement cognitif),

• le sentiment de solitude : 21 % des collégiens et 27 % des lycéens déclarent un sentiment de solitude (1),

• la tristesse,

• l’envie de mourir.

Ces symptômes peuvent s’accompagner d’autres signes, tels que des troubles du comportement (addiction, comportement à risque, auto-violence, troubles des conduites alimentaires).

Le TDAH (trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité), se caractérise par une difficulté à prêter attention, associée ou non à des symptômes d'hyperactivité motrice et d'impulsivité. Il est en outre souvent accompagné d’anxiété, d’angoisse et parfois d’isolement social.

Les conduites à risques peuvent représenter pour les adolescents une manière (inopérante) de faire face aux difficultés émotionnelles et peuvent avoir de graves répercussions sur leur bien-être mental et physique. Il peut s’agir de la pratique d’un sport extrême, d’un comportement sexuel à risque, ou de la consommation de substances. Les jeunes sont particulièrement vulnérables au développement de comportements de consommation de substances nocives (tabac, alcool, cannabis) qui peuvent se transformer en addiction et perdurer tout au long de la vie.

Les addictions comportementales recouvrent par exemple la dépendance aux écrans ou aux jeux.

On parle ici d’anorexie mentale ou de boulimie, qui se traduisent par un comportement alimentaire anormal, respectivement de restrictions ou d’excès, et une préoccupation pour la nourriture, associés dans la plupart des cas à des préoccupations liées au poids et à la silhouette. On rencontre plus fréquemment ces troubles chez les jeunes filles. Ils s’accompagnent souvent de culpabilité et d’un manque d’estime de soi.

24 % des lycéens déclarent des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois. Les filles sont nettement plus concernées que les garçons (31% vs 17%). 13 % des lycéens disent avoir déjà fait une tentative de suicide au cours de leur vie (1).

Les actes agressifs contre soi-même peuvent également prendre la forme d’automutilations, comme des scarifications ou griffures, qui sont réalisées dans un objectif de soulagement.

(1) - Source : Etude EnCLASS sur la santé mentale et le bien-être des collégiens et lycéens en France hexagonale (enquête nationale en collèges et en lycées chez les adolescents sur la santé et les substances), menée en 2022 par l'École des hautes études en santé publique (EHESP) et l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), en partenariat avec l’Education nationale, auprès de 9 337 élèves du secondaire.

Plus un adolescent est exposé à des facteurs de risque, plus sa santé mentale peut en être affectée. Il existe de nombreux éléments qui peuvent nuire à la santé mentale des jeunes.

Parmi les facteurs qui peuvent causer stress et angoisse chez les adolescents, on trouve l'exposition à des situations difficiles, la pression de se conformer aux attentes des amis et la recherche de son identité. L'influence des médias et les normes de genre peuvent aggraver l'écart entre la réalité vécue par un adolescent et ses aspirations.

D'autres déterminants importants incluent :

• La qualité de vie familiale : un contexte familial difficile avec des conflits ou de la violence au sein de la famille, une discipline trop sévère ou encore des problèmes économiques graves, peuvent peser sur la santé mentale des adolescents.

• Les relations avec les autres adolescents : l’existence d’actes de violence (en particulier la violence sexuelle et le harcèlement) sont des risques reconnus pour la santé mentale.

• Certaines conditions de vie : certains adolescents sont plus vulnérables aux problèmes de santé mentale en raison de la stigmatisation, de la discrimination, de l'exclusion ou du manque d'accès à un accompagnement et à des services de soutien de qualité.

Il existe également des facteurs externes : les conflits armés, les attentats, la crise climatique, les pandémies (comme le Covid-19), la pression scolaire, les risques liés à Internet et aux réseaux sociaux peuvent tous contribuer à dégrader la santé mentale des jeunes.

La suite dans l’article à paraître prochainement :
​​​​​​​“Santé psychique : comment aider mon ado en souffrance ?”